Chaque année un emploi sur cinq est créé par les entreprises de l’économie sociale et solidaire

TRAVAIL - Alors que le mois de l'économie sociale et solidaire démarre mardi, Gérard Andreck, président du Conseil des entreprises, employeurs et groupements de l'économie sociale (CEGES) revient sur les facteurs de succès de ce secteur...

Gérard Andreck, président du Conseil des entreprises, employeurs et groupements de l'économie sociale (CEGES) G. Andreck
Gérard Andreck, président du Conseil des entreprises, employeurs et groupements de l'économie sociale (CEGES) G. Andreck

L’économie sociale et solidaire (ESS) s’est-elle beaucoup développée ces dernières années?

Oui. Le nombre d’établissements (associations, mutuelles, coopératives, fondations) qui composent l’ESS a augmenté de 5 % entre 2000 et 2005 et s’élève désormais à 215 000. La masse salariale dans le secteur a aussi progressé de 24% entre 2000 et 2006. Et chaque année, un emploi sur cinq est créé par les entreprises de l’ESS. Ce qui explique, qu’aujourd’hui plus de 10% des salariés en France travaillent dans l’ESS, soit 2,3 millions de personnes.

Comment expliquez-vous que les entreprises de l’ESS aient bien résisté à la crise économique?

Par le fait que ces structures n’ont pas d’obligations de rendement et consacrent leurs bénéfices à développer leur activité. De plus, ces établissements sont gérés de manière très prudente. Ils ne font pas des résultats miraculeux, mais ne connaissent pas de désastre économique non plus. D’ailleurs les défaillances dans l’ESS sont très rares.

Ce secteur sera-t-il encore porteur en terme d’emplois dans les prochaines années?

Oui car dans les dix prochaines années, 27% des actifs de l’ESS vont partir en retraite. Ce qui signifie que près de 600 000 postes seront à pourvoir. D’où l’importance d’attirer davantage de jeunes.

De nombreux jeunes diplômés des grandes écoles semblent justement s’intéresser à l’ESS. Le confirmez-vous?

Oui, cette tendance s’observe depuis trois ou quatre ans. La chaire de l’entrepreneuriat sociale créée en 2002 à l’Essec remporte d’ailleurs un grand succès. Si bien que l’an dernier une cinquantaine de jeunes diplômés de l’Essec ont décidé de démarrer leur carrière dans l’ESS. Preuve qu’ils sont en quête d’un emploi qui a du sens.

Les structures de l’ESS accueillent aussi une forte proportion de seniors (27% contre 21% dans le reste de l’économie privée), la discrimination à l’embauche y est-elle plus rare?

Oui, car les établissements essayent vraiment de promouvoir la diversité dans leurs recrutements. Savez-vous aussi que 65% de leurs salariés sont des femmes?

Malgré tous ces points positifs, le secteur de l’ESS est encore mal connu, comment allez-vous remédier à cela?

Lors du mois de l’ESS, 1.500 manifestations sont prévues dans toute la France pour faire découvrir ce secteur au grand public (le programme est consultable sur http://www.lemois-ess.org ).Nous allons aussi profiter de l’élection présidentielle pour nous faire mieux connaitre. Nous appelons aussi de nos vœux une loi cadre qui permettrait d’identifier notre secteur, de définir le périmètre des entreprises de l’ESS…

Propos recueillis par Delphine Bancaud